Elle avait une image, un paysage dans son esprit qui ne la quittait jamais. Un endroit remplit de souvenirs qui lui réchauffaient le cœur. C’était une espèce de plage situait à l’embouchure de la Garonne. Sa Grande-Tante avait un mobil home en pleine campagne sèche des bords de l’océan. A quelques centaines de mètres, après avoir suivit un vieux chemin de terre blanche, escaladé une petite colline de rochers et de sable fin, il y avait une plage déserte. Cette plage c’était son symbole de liberté.
Quand toute sa famille partait en vacances ici, elle passait toutes ses journées seule, contemplant la mer sombre envahit par la vase sans pouvoir s’y baigner. Rien n’avait un signe de beauté mais pour elle tout était magnifique. Elle écrivait deux ou trois mots dans le sable à marais basse, espérant que la mer les emportent comme quelque chose de précieux qui s’exposait alors au monde. Elle s’asseyait dans les rochers couverts de fossiles, faisait le vide dans sa tête sous le murmure des vagues et contemplait tout ce qui était pour elle la splendeur de la nature aquatique. Puis, elle se levait, profitant que l’eau ne soit pas encore montée pour parcourir les rochers encore immergés d’eau, ramassant tous les coquillages qui lui faisaient envie, sautant dans les flaques, suivant de minuscules crabes qui pourtant l’effrayaient.
Le soir, après avoir dîné, elle courait à la plage pour admirait le soleil se coucher sur les dunes de roches et d’herbes sèches. De temps en temps, elle se lançait le défit d’arriver à escalader les rochers jusqu’à la prochaine plage, à quelques mètres, avant que le soleil ne disparaisse. Arrivé là-bas, il y avait un ancien port dont il ne restait plus que de vieilles carcasses de bateaux, ici souvent les gens s’y promenaient. Une fois la nuit tombée, elle s’imaginait comment avait été cet endroit plusieurs années auparavant. Puis elle reprenait le chemin du retour, la nuit l'inquiétait par tous ces bruits étranges qu’elle ne reconnaissait pas systématiquement : les grenouilles, les oiseaux nocturnes, les grillons, le claquement des vagues sur les roches…
Tous ces emblèmes, elle les avait vécus tous les ans jusqu’à l’âge de 12ans. Elle n’avait qu’un souhait, repartir là-bas, ressentir toutes ces choses qui la faisaient rêver sans cesse. Elle aurait fait n’importe quoi pour cela. D’ailleurs, elle voulait que ses cendres soient dispersées sur cette plage pour ne jamais cesser de revivre son véritable bonheur.